#7. Débuter en commençant par la fin
- Jean-François Caron
- 1 juil. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 oct. 2024
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Script du podcast " Débuter en commençant par la fin "

Bonjour et bienvenue. Comment bien débuter ? Toutes les bonnes choses ont une fin dit-on. Encore faut-il qu’elles aient un bon début, pourrait-on penser, puisqu’il n’y pas de fin sans début, même s’il n’est pas toujours simple de distinguer le début de la fin. Nous n’avons pas non plus d’autre choix que de débuter en toute occasion, y compris quand il s’agit de ne rien faire. On débute toujours lorsqu’il est question d’entreprendre quelque chose, comme il y a bien un commencement à l’inaction. Le début trace également une séparation entre un avant et un après qui est d’autant plus marquante qu’il vise une fin dont l’enjeu est élevé. Tous les débuts en se valent pas. Il y en a de plus important que d’autres selon que la fin est capitale ou peu, voire pas du tout. En cela la fin conditionne le début même si chronologiquement elle lui succède. Elle peut aussi le précéder lorsqu’on imagine plus aisément les conséquences de ses actes que l’on ne s’intéresse aux causes. Enfin, il arrive que le début ne se dévoile réellement qu’à la fin, rétrospectivement. Ainsi, prendre conscience de débuter quelque chose n’est pas si évident qu’on le pense. Je vous propose dans ce podcast quelques éléments de réflexion sur le rapport entre le début et la fin pour identifier s’il est envisageable de mieux débuter en commençant par la fin.
Distinguer le début à partir de la fin est réalisable en s’appuyant sur une dynamique causale, à savoir que le début est la cause de la fin selon un mouvement que rien n’entrave. Autrement dit, le début est à l’origine d’un chemin unique, entre avant et après, et qu’il ne peut pas en être autrement. La fin est ainsi totalement déterminée par le début. Nous pourrions même aller jusqu’à dire que la fin est dans le début, que les deux initialement se confondent pour se distinguer seulement une fois le temps passé. Penser de la sorte le rapport entre le début et la fin revient à prendre le parti de la nécessité. La fin serait ainsi absolument déterminée par ce qui la cause, c’est-à-dire le début. Ainsi, dans ce cas de figure, si l’on souhaite arriver à ses fins, il convient de renverser le rapport causal, en partant de la fin pour fixer la façon dont on va débuter. Ce renversement n’est toutefois pas sans risque sur un plan moral. En considérant que le début conditionne tout pour arriver à la fin, qu’il ne peut en être autrement selon ce que je décide, la fin justifie alors les moyens, et dès lors peut-on être prêt à tout au début puisqu’ensuite il sera trop tard.
Penser que la fin se confond avec le début ne laisse guère de place à ce qui les sépare, c’est-à-dire le milieu. Pourtant, il est également possible de considérer le rapport entre le début et la fin en accordant de l’importance que à ce qui les unit, le milieu donc. Ceci autorise à penser que le début ne fait pas tout, que même s’il n’est pas à la hauteur de la fin que l’on vise, il y aura toujours la possibilité de changer le cours des choses entre les deux. Cette fois-ci, la nécessité n’est pas la seule à voir son mot à dire. Le hasard également est de la partie, tout comme la liberté. En contrepartie, rien n’est certain. On peut très bien débuter et mal finir. La liberté est à ce prix, rien n’en garantit les résultats. Dans ces conditions, on commence moins par la fin pour débuter que l’on se met en condition pour arriver à bon port. Il s’agit notamment d’être attentif à ce qui peut se passer une fois le début engagé puisque rien n’est définitivement tracé, et peut-être sera-t-il nécessaire d’agir différemment de qui était décidé au début. C’est aussi la raison pour laquelle on peut très bien commencer par la fin pour débuter, mais pas tout de suite, en attendant que les conditions soient réunies pour arriver à ses fins.
Deux perspectives sont ainsi envisageables quant à envisager de commencer par la fin pour débuter. Adopter l’une ou l’autre n’est pas neutre sur notre façon d’agir. Soit l’on estime que la fin détermine le début, et alors on cherche les moyens pour débuter au mieux. Soit l’on pense que la fin est conditionnée par le début, et dès lors s’agit-il de se mettre dans les meilleures conditions. A chacun d’en décider. Dans tous les cas, que la fin soit déterminée ou conditionnée, il y a toujours un sentiment d’incertitude chez celui qui débute mais dont l’intensité varie selon la personne. Ce sentiment est compréhensible car débuter, c’est aussi s’engager vers ce qui aujourd’hui se trouve à l’état de néant. Ceci n’est pas sans crainte, sans souci ou tracas. Ainsi, en commençant par la fin pour débuter, il ne suffit pas d’être concentré sur ce qui est déterminant et ne l’est pas. Il convient également, dès le départ, c’est-à-dire avant même de débuter en pensant à la fin, d’envisager les affects de nature à lester la façon de nous engager. Sur ce point, je conseille de ne pas confondre l’estime de soi avec la confiance en soi. L’estime de soi repose sur le sentiment de sa propre valeur. C’est elle qui peut conduire à penser que l’on n’y arrivera pas, et ceci quelle que soit le rapport que l’on entretient entre le début et la fin. La confiance en soi elle est fonction de ses capacités à faire, à agir. Je peux si cette confiance est faible différer le début, le remettre à plus tard une fois que je suis plus confiant. Ou alors je peux prendre le pari que la confiance vient en marchant, entre le début et la fin. Dans les tous les cas, je débute toujours mieux en commençant par la fin avec la confiance en soi. L’estime de soi elle vient après, une fois fini ce que j’ai débuté.
Je vous remercie de votre attention. J’espère vous avoir apporté matière à penser. N’hésitez pas à me laisser un commentaire à la suite de ce podcast. J’aurais plaisir à vous répondre, et peut-être poursuivrons-nous ensemble la réflexion.
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